Dorothée est créatrice costumes et également habilleuse.

Elle nous livre son expérience du métier.

Quel est le rôle d’un(e) habilleur(se) dans le spectacle vivant?

Dorothée :  « Dans l’univers du spectacle vivant, l’habilleur(se) accompagne dans la rigueur et la bienveillance l’artiste sur la passerelle menant de la ville à la scène.
Le 1er acte consiste à préparer les costumes : vérifier les fermetures et coutures, entretenir,

réparer si besoin les costumes, attribuer les tenues respectives à chaque interprète en procédant à la mise en loge.
Le 2ème acte se déroule pendant la représentation : l’habilleuse se place à cour, à jardin, en fond de scène, en loge rapide. Elle réalise les changements rapides, répare rapidement les « bobos coutures » dans le silence, éclairée par la lumière de la frontale ! Elle doit être discrète et efficace tout en respectant la concentration de l’interprète.
Lorsque le rideau se ferme, c’ est l’ heure du 3ème acte : l’habilleuse veille à tout rassembler, entretenir et reconditionner tous les costumes pour qu’ ils soient prêts à la mise en loge suivante.
Chaque fois que je dois intervenir comme habilleuse, mes souvenirs et mon passé de danseuse re-surgissent immédiatement…Entrées et sorties de scène, lecture des émotions… une constante du métier ! »

Quelle a été ta première expérience dans ce métier?

Dorothée : « J’ai vécu ma 1ère expérience en tant qu’habilleuse le 25 janvier 2018 avec la compagnie Alvin Ailey II dans le cadre de la programmation de la Scène nationale du Sud-Aquitain.

Découvrir ce poste à travers l’univers de la danse, était-ce un signe ? Cette compagnie internationale de danse que j’avais tant admirée dans ma vie de danseuse m’impressionnait, mais je me sentais en même temps dans mon élément artistique et je connaissais les codes. L’équipe technique me communiquait le protocole d’entretien des costumes, le planning des danseurs et les détails de mon poste « avant, pendant et après » la représentation… en anglais ! Mais le langage de la danse est universel !
Tout s’est très bien passé. J’étais heureuse de participer côté cour à leur représentation en France et je me souviendrais toujours de cette 1ère expérience que j’ai saisie comme une main bienveillante m’accompagnant de la danse au costume ! »

Peux tu retracer une anecdote de ton expérience d’habilleuse?

Dorothée :  » Je pense à un changement rapide qui n’a duré que 4 secondes mais qui m’a demandé une précision et une concentration extrêmes.

L’exercice était d’habiller une comédienne en cours de spectacle avec une longue robe zippée tout le long du milieu devant. De plus, préalablement, j’avais rempli les poches de peinture fraîche. La comédienne habillée en-dessous sortait de scène côté jardin. Elle se couvrait de son peignoir et traversait le fond de scène en courant. Je l’attendais côté cour, tenant la robe chargée des 2 litres de peinture en équilibre pour ne pas laisser déborder une goutte des poches.
Seconde 1, je lui présente les emmanchures –
Seconde 2, je lui ajuste les épaules et le milieu devant –
Seconde 3, je zippe la robe de bas en haut –
Seconde 4, la comédienne et moi « likons » du pouce pour entrer à nouveau sur scène à cour – Ouf! »

Cette opération nous a demandé une coordination parfaite, une synchronisation minutieuse comportant des gestes précis et rapides dans le tempo juste.
Une véritable chorégraphie 😉 »

Crédit photo Corinne Mathou